Il y a quelques semaines, en Italie, je tombe par hasard sur une ville-étape du Giro. J’étais sur le point de repartir quand quelqu’un m’interpelle au vol. Francesco. Un local, passionné de vélo et de bikepacking. Alors on a discuté. Il m'a posé pleins de questions sur mon aventure. Et puis il a voulu en faire un article.
Il en parle bien mieux que moi, alors je vous laisse lire ses mots à lui — c’est par ici : https://www.francescobonasera.it/oplb/2025/05/23/ver-02-ceglie-messapica/
(Bon, c’est en italien. Mais pas de panique, je vous ai glissé la version française juste en dessous.)
“J'ai rencontré Guillaume à Ceglie Messapica, dans la province de Brindisi. Ce matin-là, sous un soleil régénérant, la petite ville était en fête, car elle se préparait à accueillir le départ d'une étape du Giro d'Italia. Les rues et les vitrines étaient décorées en rose, et l'ambiance était celle des jours exceptionnels, entre les maisons blanchies à la chaux typiques de la région. Mais Guillaume n'était pas là pour ça, il s'y trouvait par hasard, et en a profité pour saluer le Giro de près.
Je l'ai vu en train de régler son vélo, juste sous l'église San Gioacchino, et j'ai tout de suite compris qu'il était en plein voyage en bikepacking. Pour ceux qui ne connaissent pas bien, le bikepacking consiste à avoir toutes ses sacoches fixées directement sur le cadre du vélo, sans le traditionne porte-bagages arrière. J'ai tenté d'interrompre un peu sa pause avec quelques questions, et nous avons commencé à discuter, pendant un bon moment. Et ce fut une découverte vraiment intéressante.
Installez-vous confortablement.
Guillaume est français et vient de Grenoble, l'une des villes alpines les plus importantes d'Europe, située dans la région Rhône-Alpes. Elle a accueilli, en 1968, la dixième édition des Jeux Olympiques d'hiver. Et c'est précisément depuis Grenoble qu'il a entamé son actuelle aventure à vélo, un voyage à travers une grande partie de l'Europe, qu'il a baptisé officiellement Le FirstRide, un tour d'Europe à vélo. Il le raconte avec beaucoup de détails sur son profil Komoot, avec des itinéraires quotidiens, des anecdotes et des photos.
ll a récemment terminé ses études dans le domaine du business appliqué au tourisme et voulait vivre une expérience particulière en profitant du temps dont il disposait avant de trouver un nouveau travail. Ce n'est pas son premier voyage à vélo, mais c'est le premier vraiment important, à la fois par sa longueur et parce qu'il le fait en solitaire. Ces dernières années, il est parti en Corse et dans d'autres régions de France avec un groupe ďamis. Mais il est toujours difficile de trouver des compagnons de route pour de longues périodes. Il dort la plupart du temps en bivouac libre, dans la tente qu'il transporte avec lui. Mais, de temps à autre, quand il a besoin d'un peu plus de confort, il opte aussi pour des hébergements traditionnels.
Depuis Grenoble, il a tout de suite pris la direction des montagnes, traversant les Alpes en direction de l'Italie. Après avoir gravi le col du Lautaret, “petit frère” du célèbre col du Galibier et rendu célèbre par des étapes mythiques du Tour de France, il a continué jusqu'au Montgenèvre, col marquant la frontière géographique entre la France et I'Italie, puis jusqu'à Sestrières, Pinerolo, et ensuite il est monté et descendu dans les Langhe. Je ne sais pas à quel point il en avait conscience, car il m'a dit ne pas être un grand passionné de cyclisme en tant que sport, mais il a traversé des lieux sacrés pour les amateurs de vélo et d'histoire cycliste. Suivant d'abord la côte ligure/tyrrhénienne puis les collines de l'intérieur, il a visité les Cinque Terre, Pise, Florence, jusqu'à arriver à Rome.
En analysant ses traces sur Komoot, j'ai découvert qu'il était aussi passé dans notre belle région de la Tuscia. ll a terminé une étape à Ronciglione. Dommage que nous ne nous soyons pas croisés plus tôt, nous aurions peut-être pédalé quelques kilomètres ensemble. Par endroits, il a également emprunté la Via Francigena, notamment dans le Siennois et le Viterbois. Ce sont de très belles étapes, entre chemins de terre et douces collines, que j'ai moi-même parcourues en grande partie à pied ces dernières années, mais aussi récemment à vélo.
Son voyage va se poursuivre vers la Grèce. Le soir même de notre rencontre, Guillaume devait prendre un ferry pour traverser I'Adriatique. En Grèce, évidemment, un passage par Athènes est prévu. Puis, de là, la direction sera Istanbul, le point le plus éloigné de son domicile pour tout ce voyage. Selon ses plans, c'est depuis Istanbul qu'il commencera son long chemin de retour vers la France, en traversant la Grèce du Nord, puis la Bulgarie et toute la région des Balkans, si complexe et si magnifique. De la Macédoine au Kosovo, en passant par le Monténégro et la Croatie, jusqu'à la Slovénie. De là, retour en Italie, via les Dolomites, avant de franchir la frontière suisse et de revenir en France. Beaucoup de dénivelé, avec de nombreuses montées difficiles dans cette dernière partie du parcours.
J'ai salué Guillaume et je suis allé vers l'étape du Giro. Mais il me manquait encore une pièce du puzzle pour compléter le tout. Plus tard, au cours de la journée, Guillaume m'a envoyé le lien vers sa chaîne YouTube. Et j'ai découvert, en plus d'un passionné de voyage, un vidéaste-conteur exceptionnel. Sa vidéo sur son voyage en Corse est soignée dans les moindres détails : des prises de vues réalisées avec un reflex et un drone, un montage impeccable, une bande-son raffinée et bien documentée dans le générique de fin. Sur son vélo, il consacre une partie entière de ses sacoches à son matériel vidéo et photo, qui - probablement, dirais-je - constitue la partie la plus lourde de tout son chargement. Mais il en est bien conscient, car documenter au mieux ses voyages est l'une de ses priorités.
Rencontrer des voyageurs comme Guillaume me réconforte et m'encourage à chercher de nouvelles idées, de nouveaux chemins, de nouvelles destinations. Avec moins de peur et plus de courage. On peut vivre des expériences solitaires tout en les partageant avec la bonne attention à la profondeur des lieux et à la richesse des rencontres lentes.
Guillaume, comme Guillaume Martin, le cycliste philosophe.
Merci!”
2025 Maggio 23 | Scritto da Francesco Bonasera in Viaggi
Une vraie star. et du coup j'ai voyagé en Corse c'est cool. Hate de voir la vidéo de ton grand tour.
Génial cet article :)