La traversée entre la Macédoine du Nord et le Kosovo
C'est dimanche. Il est 11h. Je pose les pieds dans un nouveau pays : la Macédoine du Nord. Un soleil d'été, le bitume qui brûle, pas un nuage à l'horizon.
Ça fait des jours que je n'ai pas croisé de cyclistes. Et juste après la frontière, surprise, une course intra-pays (Macédoine-Bulgarie). C'est une course ouverte à tous, donc y a pas que des pros. Et je vois bien que la chaleur atomise un certain nombre de participants. Je n'y croyais pas avant mon départ, mais mon corps a fini par apprivoiser l'étouffement dû à la chaleur.
Pour la première nuit dans ce pays, ça sera hôtel à Stroumitsa. Après plusieurs nuits à la belle étoile, un bon lit n'est clairement pas de refus. Je prends un moment pour réfléchir à la suite de mon itinéraire. À ce moment-là, 2 options s'offrent à moi :
Option 1 : filer vers l'ouest, dans les montagnes. Plus long, plus beau, plus rude.
Option 2 : couper par le centre, tracer vers Skopje, et passer plus du temps pour les pays suivants.
Choisir, c'est renoncer. Et ce jour-là je choisis la facilité. Direction la plaine.
On m'avait prévenu : dans un voyage comme celui-ci, les émotions sont des montagnes russes. Jusqu'ici, j'avais globalement l'impression de monter sans jamais redescendre.
La première "descente" arriva en Macédoine.
Une journée sans relief, sans grand intérêt. Je cherche un supermarché, je me perds, je déambule. La fatigue présente, le moral absent.
Et puis BAM. Une grille mal foutue. Un espace de 10 cm. Pile-poil là où je roule. Badaboum le choc est violent, double crevaison roue avant/arrière. Le soleil paraît tout de suite agressif. C'est la première fois que je crève.
Mes jantes sont capricieuses, mes pneus récalcitrants. Deux jeunes Macédoniens viendront m'aider, mais on en mettra du temps. Ils sont vraiment aidant les Macédoniens, hyper agréable.
Le lendemain, direction un magasin de vélo. Changement de chaîne, quelques réglages. Je repars reboosté.
Mais 20 bornes plus tard, vlatipa que mon pneu est à plat. Crevaison lente. La rustine d'hier n'a pas tenu. En même temps, avec une petite déchirure, c'était ambitieux. Voyez l'image, il fait 1000° sur une route nationale au milieu de rien et mon pneu est à plat. Impossible de sortir de la route. Je vous passe les détails mais cette journée a été un supplice, ni plus ni moins.
2 jours de calvaire, 2 jours à vider le réservoir d'énergie. Après, je me dis, après 4 000 kilomètres, fallait bien que ça arrive.
J'arrive non sans difficulté à la capitale, Skopje, le corps et la tête É-PUI-SÉ.
J'aurais dû choisir l'option 1.
Je prendrai 2 jours, dans une auberge pour récupérer. Je rencontrerai Ingamar, un retraité Suédois qui voyage à moto.
Cette pause fait le plus grand bien. Cette ville n'est pas très grande. Mais ils ont compensé la taille par l'échelle : des statues gigantesques, des façades en faux marbre. On dirait qu'ils veulent se bâtir une identité à coups de plâtre.. On se croirait dans une décor fatch de parc d'attraction. Et puis tout est ridiculement peu cher. Clairement, on n'est pas dans un hotspot touristique.
Je repars gonflé à bloc. Comme MJ lors de son comeback. Direction le Kosovo !
La journée s'annonce belle. Je dessine le fil de mon itinéraire par les montagnes, car c'est en faisant du dénivelé que les paysages sont les + beau.
Je me fais pote avec le garde-frontière, alors évidemment que ça va être une belle journée.
Je monte un col pour arriver à Prevallë. Des centaines de Kosovars se pavanent au soleil en face de la montagne, alors moi aussi. Et puis j'ai fait le plus dur, j'ai ensuite plusieurs dizaines de kilomètres de descente pour arriver à Prizren. Toutes les journées de vélo devraient se finir comme ça.
Le soir, ça sera bivouac entre rivière et marais entouré de grenouilles et de lucioles :
Ici, les drapeaux albanais flottent plus que ceux du Kosovo. Et pour cause : + de 85% de la population est albanaise. L'identité nationale est fragile. Les tensions avec les Serbes sont toujours présentes, héritées de la guerre de 1999 et des blessures jamais refermées. Le pays s'est déclaré indépendant en 2008. Mais le passé pèse lourd.
Les serpents et tortues écrasés sur la route sont devenus une habitude quotidienne depuis des semaines, c'est tristoune.
Le lendemain, je traverse le Kosovo pour aller en Albanie, un pays dont j'ai particulièrement hâte de découvrir.
Mais ça, c'est dans le prochain chapitre ;)
Merci d'avoir lu jusqu'ici ! 🫶