La Suisse, au cœur des Alpes
Nous voilà presque au bout de l’aventure, ou presque. Il reste encore un sacré morceau : la Suisse, et les Alpes en guise de dernier mur. Un dernier gros effort, et pas des moindres. Alors si vous ne lisez pas jusqu'au bout, un grand merci d'avoir suivi cette longue aventure, j'espère avoir pu vous divertir un tantinet soit peu. Le fil va bientôt devenir une boucle. Rendez-vous dans quelque temps pour le film de l'aventure, car oui, les photos c'est bien, mais les images qui bougent, c’est autre chose :)
Alors alors. Je viens de passer la frontière suisse. C'est le début de l'après-midi, il fait chauuuud. Tout de suite, on sent que ce pays n'a pas trop de problèmes. C'est calme, des Lamborghini ronronnent, tout roule. Je prolonge la journée sans trop savoir où je vais dormir. Je me rapproche de Bellinzone, je longe une grande rivière et tombe sur un spot parfait pour me baigner. Avec cette chaleur, difficile d’espérer mieux. Cette rivière va me permettre de passer une bonne nuit.
Je sens que la maison n'est vraiment plus très loin, une petite nostalgie du voyage s'installe. Mais j'essaie d'y faire abstraction. Il n'est pas encore l'heure d'y penser.
Et je ferai bien d'être focus sur la journée qui m'attends le lendemain, car c'est le col du Saint Gothard qui se dresse devant moi, par la route de la Tremola. Cette route a été construite en 1827 et est entièrement pavée, pour près de 1 000 mètres d'ascension.
Elle reste aujourd’hui la plus longue route pavée de Suisse encore en usage. C'est un bon morceau. Le début de journée commence tôt : réveil 5h, la tente est trop visible pour prendre des risques avec les Suisses. Quelques dizaines de kilomètres plat pour m’échauffer, puis ça grimpe.. Mais aujourd'hui, la fatigue pèse lourd, probablement lié à l'accumulation des 12500 D+ des derniers jours. Donc le combo col x pavées x bikepacking x fatigue = c'était pas fastoche. Mais c'était fou en termes de beauté. La tête dans les nuages, au sens propre.
Et comme un clin d’œil, c’est la fête nationale suisse. En haut du col, à 2107 mètres, un groupe de musique traditionnelle met l’ambiance. La vie s'apprécie à ce moment-là.
Pour le soir, je ne pensais avoir qu'une option : le camping à Andermatt. Mais au vu de la mauvaise météo prévue ainsi que l'altitude (1500m), je suis moyen chaud. Mais coup de bol, une place se libère dans une auberge sur Booking, alors j'hésite pas une seconde, je réserve. 45€ pour dormir au sec en Suisse, je dis pas non, surtout avec la fatigue. Je traverse la station d'Andermatt, ambiance fête nationale et j'arrive à l'auberge.
La patronne m'annonce que j'ai une chambre au lieu du dortoir plein, coup de bol². De nouveau, il y a des journées où tout s'aligne. Je me prépare 500g de pâtes pour le soir & le ptit dej pour remettre du carburant dans la machine.
La météo ne me fait pas regretter mon choix, oh ça non. Il a plu toute la nuit, mais aussi toute la matinée. Et ça, c'est plus embêtant, car c'est pas une journée de bébé qui m'attend. Le soir, je suis censé arriver à Thoune pour dormir chez l'habitant. Mais c'est à 130 kilomètres, et je dois passer par des cols à travers les Alpes. Alors plus j'attends, plus la journée va être intense. Après une longue attente avec 2 jeunes Autrichiens, une minie éclaircie arrive. J'y vais, avec une pointe de culot et de naïveté.
Fine bruine au début, puis me voilà au pied du col de la Furka. Mythique. Autour de moi, des montagnes comme j'ai jamais vu, des neiges éternelles et le glacier du Rhône.
En haut on est à 2429 mètres, 1°C. En plein mois d’août, ça fait tout drôle je vous le dis. Je croise en haut du col Tanguy et Mathis, 2 Français, prof d'EPS, en train de traverser toutes les Alpes à vélo.
La descente est glaciale. Je m'arrête pour observer le fameux Hôtel Belvédère.
Autrefois, le Belvédère touchait presque le glacier du Rhône. Aujourd’hui, il faut marcher plusieurs centaines de mètres pour l’atteindre. Et chaque année, le glacier recule un peu plus sous nos yeux, victime du réchauffement climatique. On peut le photographier, mais lentement, il fond inexorablement.
Je poursuis avec le col du Grimsel. Celui-ci, je le grimpe avec un Allemand des plus sympathique, également en Bikepacking. Ce n'est pas possible de se lasser de ces paysages en vrai.
Mais la descente ça a été un sacré délire. Déjà, parce que les paysages sont fous, mais surtout parce que ça a été l'une des pires descentes de ma vie. Un mix combo avec un froid glaçant, combiné à des rafales de vent et une averse aveuglante. Autrement dit, j'étais très heureux de rejoindre la vallée sans me casser la margoulette dans la descente.
En bas, je retrouve Tanguy et Mathis. On s’élance ensemble jusqu’à Interlaken, relais appuyés, pause Coca pour laisser passer l’orage, et ça repart à fond les ballons.
Mais 5 kilomètres avant d'arriver à Thoune, chez Markus, je me mange à nouveau une pluie battante. Une heure de rincée complète, pour finir la journée en beauté.
Markus, c'est lui :
Un Suisse hyper chill, photographe qui aime l'escalade, la montagne, le vélo etc. On passera une soirée très chouette. Heureusement que je garde un peu de carburant dans ma botte pour pouvoir être sociable :)
Encore un accueil merveilleux. Cette journée a été haute en couleur mais l'une des meilleures du voyage, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je resterai 2 nuits chez lui pour un petit repos qui n'est pas volé, dans ce cadre de carte postale : au bord du lac, avec des montagnes à plus de 4 000m en arrière-plan.
Et je me prépare, tranquillement pour retourner en France, sereinement. Ce tour d'Europe, je vais le boucler comme je l'avais imaginé, en mieux. Je n'ai pas de tristesse à finir mon aventure, mais plutôt de la satisfaction de le boucler.
La boucle complète sur Komoot, c'est ici.
À la semaine prochaine, joyeux dimanche à tou·te·s 🫶