Avant de débarquer en Bosnie, revenons un instant en Croatie, à Dubrovnik.
Dans l'auberge, je rencontre d'autres voyageurs sympas, dont quelques Français et Québécois. Là par exemple, Emmanuel, un pèlerin qui parcourt l'Europe à pied depuis 5 ans, avec un sac à dos qui doit faire mon poids :
Dubrovnik, c’est très beau. Un décor de série, littéralement (Port-Réal dans Game of Thrones).
Mais Dubrovnik, c'est aussi très cher. La pinte coûte 7€. Ça change des autres pays des Balkans où c'était à 2,5€ max.. Le prix pour aller sur les remparts de la vieille ville ? 40 balles. Ils pourraient nous chier à la gueule, ça serait le même ressenti. Je passe mon tour.
Le soir, j'irai sur la colline qui surplombe Dubrovnik pour le coucher de soleil. Prix du téléphérique ? 30 balles. Mdr. Utiliser ses jambes, c'est économique.
Cap sur la Bosnie-Herzégovine. Loin de la côte & de la circulation. J'avais pas prévu de passer par ce pays la base, mais j'en entends que du bien, alors je vais voir :)
Départ de Dubrovnik assez tôt, pour essayer d'anticiper la chaleur. Peter et moi allons dans la même direction, à savoir Mostar. Mais nous choisissons un itinéraire différent. Alors on se dit au revoir.
J'arrive à la frontière après 35 kilomètres.
Enchanté Bosnie, je te découvre sur une route en chantier. 5 km cata. Mais les premières impressions, on le sait, mentent souvent. La Bosnie va me le prouver.
Après 50 km, je retrouve par hasard Peter dans une brasserie perdue, décidément ! Ensemble, on va suivre le Ćiro Trail qui est une piste cyclable de 150 km qui va jusqu'à Mostar, aménagée sur l’ancienne ligne de chemin de fer austro-hongroise.
Il est 14h, et là ça tape sévère. Une côte à 11% sous 38° sans une once de vent, on se croirait dans un four. Je suis à court d'eau, mais on arrive assez vite à l'endroit que j'ai spoté pour se poser.
Au bout d'une piste, on arrive dans un ptit resto, ambiance local. J'ai vu qu'il était possible de planter la tente.
Mini camping, maxi plaisir. Le spot est dingue, au bord d'une rivière où l'eau est translucide (je rappelle qu'il fait 38°). Les proprios sont gentils, la pinte est à 2 €. Bon faut pas m'en dire plus, je pose le vélo, le cerveau et la tente pour 2 nuits.
41°, faut pas pousser mémé dans les orgies euh orties. Le bitume m'aurait cuit à 55° en cuisson lente cette journée-là. Alors j'ai bien fait de rester ici. Ma seule préoccupation était de me refroidir dans la rivière.
Nouveau départ dès l'aube avec Peter. Moi qui ne suis pas tant matinal habituellement, se lever tôt est en ce moment la meilleure des bénédictions.
Le Ćiro Trail se déroule jusqu'à Mostar et son fameux pont. Peter restera ici. Moi je continue ma route 80 km plus loin. Bon, Mostar c'est 15 minutes de visite et basta cosy. Un peu surcoté à mon goût.
Mais cette journée-là, c’est surtout 130 kilomètres, dont 90 avec un vent de face à te dégoûter du vélo. Mais le moral et les jambes sont au max alors on fait avec, de toute manière il n'y a pas le choix.
Je file jusqu'à Šćit, une presqu'île sur un lac. Un cadre idyllique. J’y installe ma tente dans un petit camping tenu par Anna. Elle ne parle pas un mot d'anglais mais est d'une grande gentillesse. Elle m'offre une pinte en guise de bienvenue. La Bosnie c’est ce genre de choses.
Baignade dans le lac en guise de récompense. L'eau est à 27°, une immense piscine en somme. Y a vraiment des airs de paradis à certains endroits de Bosnie. Je crois être à nouveau tombé dessus.
Ici je rencontre Dorian, 28 ans qui vient d'Annecy et qui voyage à moto off road.
Ici, la bière est gratuite et à volonté. Je répète si tu as mal lu : GRATUITE & À VOLONTÉ. (comme le Raki d'ailleurs). J'y croyais pas avant, mais je crois bien que le paradis existe finalement.
Je décide donc de rester 2 nuits ici, évidemment.
Alors bien sûr qu'on va finir bleu le premier soir avec Dorian. Malgré un vent qui décoiffe ma tente dans tous les sens, je m'endors comme une pierre.
Le lendemain c'est dimanche alors c'est repos (comme souvent). Et vlatipa qui arrive au camping : Peter ! On a dû être relié par un fil invisible. 8 jours qu’on roule ensemble ou que l’on se croise au hasard de la route..
Le soir je vais manger la plus grosse pizza de ma vie. Ni plus ni moins que la taille d'une table. En même temps, j’aurais dû me douter que "taille Jumbo", c’était pas juste un nom mignon.
Jusque là, j'ai parcouru 5 320 kilomètres. Pour se faire une idée, c'est l'équivalent a peu près d’un Grenoble-Kaboul (Afghanistan) à vol d'oiseau. Et oui, le fil que je déroule ne cherche pas la ligne droite.
5ième jour en Bosnie, 750 m d'ascension dès les 10 premiers kilomètres. Une banane, un café, une part de pizza froide pour le ptit dej : je suis paré.
Et un album dans les oreilles. La musique a aussi un pouvoir hyper fort à vélo. Parce qu’en montée, elle te fait oublier la pente. Et en descente, elle sublime le monde, décuple les émotions et rend tout épique.
Après cette grimpette, je me retrouve sur un grand plateau, un peu comme celui de l'Aubrac. Grand vent dans le dos, ça bombarde à 40km/h sur du plat avec mon vélo de + de 27kg. Alors oui, avec la musique en plus, c'est intense.
La puissance de certains paysages/environnement ne peuvent réellement se ressentir qu'avec le vélo à mon avis, c'est une des raisons pour lesquels c'est le meilleur moyen de transport pour voyager.
Les kilomètres défilent vite, la chaleur est reine. Et voilà, je me retrouve de nouveau en Croatie. Je vais dormir chez l'habitant sur une île croate dans 2 jours, alors direction la côte !
La Bosnie est encore protégée du tourisme, encore épargnée, encore authentique. Les gens sont accueillants et généreux. Et il y a vraiment des coins de paradis, faut juste les trouver ;)
Pour ceux qui veulent voir précisément mon parcours, étape par étape, c'est ici.
Joyeux dimanche 🫶
Vlatipa qui écrit une commentaire ici: Peter 😁