Les rêves naissent de la contemplation, non ? Je pourrai rester longtemps à admirer ces montagnes du Durmitor. Immobiles, immenses.
Aujourd’hui, c’est simple : c’est la plus belle journée du voyage (jusqu'à présent).
Comme annoncé la semaine dernière, je fais le tour du Durmitor National Park.
2 000m de dénivelé au programme.
Dans l'aventure, tu dessines tes propres limites. Et s'il y a bien un avantage à partir seul en aventure, c'est que je dessine ce voyage précisément comme je le souhaite, en écoutant mon corps et ma tête. Je sens que l'intox est derrière moi, alors j'y vais. J'ai hâte.
Probablement le plus bel endroit que j'ai pu faire à vélo : des paysages fous, des routes sinueuses (j'ai pas encore beaucoup parcouru nos Alpes..). L'accomplissement d'être ici, au Durmitor, me met un sourire difficile à faire partir (à part peut-être cette côte à 15%).
La réalité frappe fort et fait vite redescendre sur Terre. Une femme, à vélo, a fait la bise au bitume 1 minute avant que je n'arrive à son niveau. Et une chute à vélo et en descente, ça fait pas rire. Ptit rappel pour rester vigilant. L'avion retour, je l'ai pas prévu dans mon programme.
Pendant la journée je croise Bob, un Monténégrin avec un joli vélo Peugeot plus vieux que moi - et son ami.
Sur la route, Bob inscrira sur une pierre, au feutre mon prénom et ma ville. Bon, il écrira Gium - Grenoble (Personne ne sait écrire Guillaume hors de la France - je regrette qu'il n'ait pas écrit Crolles lol). Mon passage ici restera indélébile.
Je me lève dans la nuit. Et là, sûrement le plus beau ciel étoilé que j'ai observé dans ma vie. À 5h30, le soleil pointe. J’ouvre un œil et l'appareil photo puis me rendors. Réveil définitif à 7h30, c'est quasi une grâce mat'.
Au réveil, je plie ma tente entouré de poneys et de chevaux, avec des étendues d'herbes vertes en face de moi. Y a pire comme réveil.
Aujourd'hui c'est dimanche, alors ça sera une petite journée. Les jambes sont en forme, mais je me presse pas, je déroule.
À 11h, 3 paysans me font un signe. Je les rejoins pour partager l'apéro. Au menu, pas une goutte d'anglais mais une pinte bien fraîche.
Un partage lunaire avec eux. Ils me montrent avec fierté leur champ dans une langue dont je ne saisis que dalle. Je repars la tête légère et les jambes lourdes.
J'irai jusqu'à Nikšić, dans un mini camping chez l'habitant. Goran m'accueille chaleureusement et je m'installe à côté de son grand potager bio.
Peter, un Néerlandais qui fait un voyage à vélo de plus de 3 500 km autour de l'Italie et des Balkans est aussi là. On va dans la même direction. Alors on décide de faire la route ensemble le lendemain. Peter est un retraité de 66 ans, mais il a la forme le bougre. Il a fait son 4ème marathon à 65 ans, oklm.
Le voyage a commencé il y a plus de 2 mois, mais aujourd'hui est mon 50ᵉ jour de pédalage.
Et pour la première fois je vais rouler toute la journée avec une personne. Peter est en vélo électrique, alors je vais devoir envoyer quelques watts supplémentaires dans les montées pour le suivre. On va rouler pendant 80 kilomètres sans croiser le moindre village, sur une petite route loin de tout sauf de la nature - À l'exception d'un groupe de Hongrois qui voyagent au volant d'anciens tricycles tchèque, des Velorex 16/250, produit dans les années 50.
Puis soudain... Les bouches de Kotor. J'arrive du bon côté, les serpentinis, je ne vais pas les monter, mais les descendre (c'était tout calculé).
Je pensais pas que c'était si joli le Monténégro, mais jcrois que ça y est, ce pays a mon cœur. Malgré quelques péripéties, y a un enchaînement de journée juste dingue là depuis des semaines. Le soir, c'est camping à nouveau. Le bivouac sauvage, ça ne peut clairement pas se faire partout. Demain je quitte ce pays, pour la Croatie.
Départ matinal malgré une nuit avec des sonos à quelques mètres. Mais j'ai mal dormi la veille, alors c'est pas un caisson qui va m'empêcher de fermer l'œil.
Cette journée se fera de nouveau avec le père Peter. C'est vraiment pas du tout la même expérience de rouler seul ou à 2, c'est différent.
J'ai tracé un itinéraire pour éviter au max la circulation du bord de côte. Mission réussie.
Ça y est, je suis en Croatie.
Mais 20 kilomètres avant Dubrovnik, ça roule sec à côté de nous et vite. Un ptit cadeau d'accueil de la côte croate. Va falloir s'y habituer. Alors focus pour arriver en un seul morceau à la "perle de l'Adriatique."
Dubrovnik est hors de prix. Avec Peter, on trouve une auberge parfaite : liqueur de noix offerte, prix plus bas que prévu, ambiance détendue. On a bien joué, peccable.
La qualité d’un voyage, c’est aussi ça : faire les bons choix. Je crois être pas trop mauvais depuis le début (mis à part en Macédoine du Nord :-)).
Je resterai 2 nuits à Dubrovnik. Avec ces grosses chaleurs, il faut aussi savoir appuyer sur pause un peu plus souvent.
J'ai décidé finalement d'aller en Bosnie-Herzégovine pour la suite de mon voyage, et non pas de suivre bêtement la vilaine côte croate. Alors on verra ce que ce pays me réserve la semaine prochaine :)
Bon dimanche 🫶
Superbe!
Salut Man,
Tu me donnes des idées de baroude ! Belles photos, le moral au top ! Bonne continuation Guillaume