Ça y est. Les marques sont prises. Manger, pédaler, discuter, monter, démonter, plier. Le corps a compris, comme si l'aventure avait fini par imprimer sa routine.
Pas le temps de s'ennuyer dans une aventure comme celle-ci, mais je ne vais pas en parler dans cet article. Car dans celui-là, je veux dire Ciao Italia et grazie. Car j'écris ces lignes sur le ferry qui va m'amener en Grèce, à Igoumenitsa.
Alors rembobinons un peu. Back in Toscana.
Je quitte petit à petit cette région incroyable, et pendant une journée, je croise des bikepacker en mode "race". Je discute avec l'un d'eux, Vados un Ukrainien bien sympa. Il m'explique qu'il participe à l'Italy Divide, une course d'ultra cycliste de 1 250 km et 25 000 m d+ (bouclé en 1 semaine oklm) en autonomie. Des zinzins. Je le regarde filer et reprends mon propre fil, plus lent, moins tendu.
Le vent apparaît, pour mon plus grand des calvaires. Quand il est avec toi, tu voles ; quand il est contre toi, t’avances plus (un peu comme une ex toxique).
Les nuits en tente sont spéciales, un autre monde. La nuit, chaque bruit prend vie. Et chacun d’eux paraît être sur le volume 96 de la télécommande de la télé.
Quand la pluie frappe la toile, c'est presque comme une berceuse, et pourtant, je déteste l'ASMR. (En même temps, avec 3 000 cal dépensé dans la journée, tu m'étonnes que je dorme bien). Mais bon, je dors l'esprit léger, dans un duvet trop léger. Donc la fraîcheur elle, ne laisse pas de répit (normal avec un duvet confort 15 degrés.. faut pas être frileux). Alors les 2 buffs ne sont pas de trop. Je me réveille quand la lumière perce, je me couche avec elle. Plus d'horloge, que du ressenti.
Les kilomètres défilent et... 🥁
Rome ! Arrivé à la veille du Conclave, l'atmosphère dans la ville est spéciale, une sorte de ferveur. Alors je pose le vélo dans l'auberge et visite cette ville incroyable. Des dizaines de journalistes sont là, posés comme des moutons devant le Vatican, où les yeux du monde sont braqués.
Mes journées prennent le rythme de la météo. En voici un exemple : Il pleut, j'attends, j'écoute musiques/podcasts, une accalmie, je repars, et me prends une immense averse dans la gueule au virage suivant. Raté pour ce coup-ci.
Et le fil de notre histoire nous amène petit à petit dans le sud. Visuellement, la différence est marquante. Les infrastructures, le climat, les odeurs, la biodiversité.
Et puis y a les chiens. Premier sprint d'urgence. Pas le temps de réfléchir, j'ai une demi seconde pour comparer les capacités athlétique du chien face à mes jambes (et mes dtsuiss), alors j'envoie 400 Watts pleine balle pour le tracer. Mission réussie, mais le rythme cardiaque est bien monté.
Un soir, porté par l'idée de trouver un spot où dormir, je vois sur la carte un lagon isolé. J'y vais. Spoil, bonne pioche. La petite réserve est tenue par Angelina, Nicolà et leur fils Yvan.
D'abord, c'est non. Pas de tente ici. Puis on parle (ou essaie de parler car oui, ils ne parlent presque pas anglais, et non parlo italiano perso). Un apéro plus tard, ma bonhomie a fait son job. Ils me laissent planter la tente. Angelina me préparera un repas qui sent fort l'Italie.
À ce moment-là, 2 semaines que je suis parti. Un jour de repos ne serait pas de refus. Je pars direction Benevento. J'irai à Tufura Valle où j'y resterai une journée et demie.
Je suis accueilli par Albert, le prêtre de ce petit village. Il a une guest house pour les personnes de passage. Ce temps passé ici était une parenthèse hors du temps. J'ai rencontré une bonne partie du village, mangé chez eux. Un accueil au niveau de Pirlo dans ses belles années. Merci Albert. Petit village, grand accueil.
Les batteries chargées, je repars. Un dodo dans un agriturismo (ferme qui fait maison d'hôte), un autre sur le rooftop d'une maison abandonné, 2 jours sur les routes du Giro d'Italia, une bouffe chez Massi (un Italien rencontré la veille qui m'a proposé de partager un repas) et me voici prêt à embarquer pour la Grèce.
L'Italie a été belle, accueillante et hospitalière. Seul bémol, faut le souligner quand même, c'est souvent sale. La chaussée on dirait un rayon leaderprice en déstockage, bref.
Hâte de revenir en Grèce, ce pays que je connais quelque peu ;) Bisous l'Italie on se revoit sur le chemin retour !
Pour les aficionados de stats :
19 jours, 1 864 kilomètres, 20 830 mètres de dénivelé
Merci d'avoir lu jusqu'ici 🫶 Si vous avez des remarques, n’hésitez pas.
Hello Guillaume, j'ai fini par retrouver le lien que ton père nous a partagé.
Bravo pour ton aventure et en plus pour ta plume qui est bien sympa :-)
Vite , des nouvelles de Grèce !
Thierry
Toutes ces belles rencontres, ça fait plaisir à lire !
Pour le chien, ne le regarde pas dans les yeux la prochaine fois … ça peut marcher 😅