L'entracte, c'était Istanbul. 4 jours, comme une parenthèse dans le voyage. Je pensais que ces jours "off" allaient me permettre de digérer un peu tout ce qui s’était passé jusque-là. Finalement pas vraiment, mauvais pari. Se reposer dans une mégalopole ? Quelle idée saugrenue.
J'arrive à Istanbul sur un petit ferry. Je me fais accueillir ni plus ni moins par un avion de chasse en rase-mottes au-dessus de la mer de Marmara. Parade militaire. Ok Erdoğan on a capté que tu voulais nous impressionner.
Le 1er soir, c'est tranquille. Je me pose, découvre, observe cet hymne à la vie qu'est Istanbul. On est à des années-lumière des petits villages turcs quelques heures avant.
Les 3 jours suivant, je les partagerai avec Charlotte, une Américaine rencontrée ici.
Je quitte la ville après m'être injecté + de glucose dans mon sang qu'il n'y a d'alcool dans une bouteille d'absinthe. En même temps, dur de se passer de Baklava.
Ça y est, bisous l'Asie je retourne sur le continent Européen. Mais quitter Istanbul en vélo, c'était comment dire... INTENSE. Faut avoir une concentration au niveau de Nadal dans une finale de Rolland Garros pour s'engager dans une 4x4 voie (et pas avoir froid aux yeux par la même occasion). J'ai pas remporté de grand chelem, mais y a quand même un petit goût de victoire (par abandon de la ville) quand je me retrouve de nouveau dans la campagne.
Mais je vais déchanter bien assez vite. Je me retrouve assez vite piégé et englué dans un chemin qui n'en finit pas. La gadoue aura eu raison de ma patience. Un cauchemar tout simplement. La photo parle d'elle-même :
Le soir, je trouve un "mini-camping" éloigné de tout. Un cadre incroyable. Il y a juste 2/3 famille turcs qui vivent ici de manière permanente. Aucun touriste. Aucun réseau non plus. Dommage, la finale de la ligue des champions me passe sous le nez.
Et finalement, 10 minutes après le début du match, j'entends un commentateur turc. L'une des familles avait installé un vidéo projecteur avec le match dans leur petit jardin.
J'assisterai donc à la manita (5-0), un çay à la main. Ils ne parlent que le turc, donc on parle par téléphone interposé (google trad). Je demande au père de famille ce qu'il fait dans la vie, il me dit qu'il est le PDG de 2 entreprises.
Le PSG qui gagne la Champions, un PDG qui vit dans les bois… Soit, peut-être. Ce soir tout est possible.
Le lendemain, direction Lüleburgaz. Là-bas, il y a la Bisiklet Akademisi. C'est un peu le carrefour de la Turquie pour les voyageurs à vélo. C'est Frank et Danielle, les 2 hollandais avec qui j'ai passé une soirée à Izmir qui m'ont conseillé cet endroit.
Inanç est responsable de ce lieu. Un humain incroyable. Ce lieu est conçu pour les voyageurs à vélo, il ne manque rien. J'y rencontrerai des Français : Benjamin et Romane, de Grenoble ; Jeff et Rolland, 2 retraités de Chambéry (notre région a du talent) ; ainsi que Stijn, un Hollandais et Brett, un Américain.
J'y resterai 2 jours ici. C'est là que j'ai pu décompresser et digérer ces jours pleins. J'ai cuisiné pour la 2ème fois du voyage, ça fait du bien. Deux jours à laisser le fil se détendre un peu.
Après cette courte pause, je file à Edirne. Dernière grosse ville avant la frontière. Je rencontre 3 bikepackers venu de République Tchèque. 1ère fois que je vois des voyageurs plus rapides que moi pour venir jusqu'ici depuis le début de mon voyage !
Je poserai ma tente dans un grand parc, sous les conseils de Fatih.
C'est la fin des aventures turcs. Un immense coup de cœur pour ce pays, et surtout pour ses habitants. Un passage de 14 jours que je n'oublierai pas.
Ce fil que je tire, c’est pas de la soie. C’est du tendon, du muscle, et beaucoup de sueur. Il craque rarement, et ne cassera pas. Il est fort comme un Turc. Car eux, bossent fort (elle est pour toi celle-là papa). Le fil, il est de bois-là.
Maintenant un nouveau chapitre s'ouvre devant moi. Les Balkans. En commençant par le sud de la Bulgarie. Ça s'annonce dénivelesque. Va falloir laisser du mou. Et garder le rythme.
Merci et bisous 🤍