Alors comme raconté la semaine dernière dans mon dernier article, je passe la frontière Albanie / Monténégro sans même m'en rendre compte. Pas de panneau, pas de barrière, juste des drapeaux monténégrins flottant devant une école. Géographiquement, je me situe tout au sud du pays.
J'ai prévu de passer du temps ici, à Crna Gora (Monténégro dans leur langue, qui signifie "montagne noire") et faire tout le tour du pays car il y a des paysages à priori magnifiques au nord. Mais qui dit joli paysage, dit relief et montagne : en gros ça va être sport.
La 1ère journée donc, je longe le lac Shkodër et je passe en vitesse à la capitale, Podgorica. Rien d'intéressant et le bitume de la ville renvoie une chaleur hyper désagréable, l'air saturé. Alors je me loot en nourriture et je trace ma route quelques kilomètres plus au nord. Je longe une rivière encore une fois d'un bleu qui fait halluciner.
Je me trouve un spot bivouac sur un grand terrain de l'église du village (c'est toujours un bon tips pour avoir un point d'eau). Seul ou presque. Ici, des dizaines de tortues me tiennent compagnie.
Jour suivant, 20 km d'ascension dès le réveil, ça réveille. Au fil des kilomètres, je me retrouve dans les montagnes. Je suis bien content de monter en altitude car la chaleur y est moins agressive ici. J'avance bien, et géographiquement, je suis plutôt au nord du pays (oui déjà, en même temps, ce pays est littéralement 40 fois plus petit que la France).
Pour la première fois du voyage, un chien m'a niaqué la jambe. Il était pas effrayant de base, mais sacrément déter. Plus de peur que de mal, il ne m'a pas laissé de trace. Pas de blessure, juste un rappel. Mais ptit coup de pression jvais pas mentir. Bref je file.
Mais, fin de journée, je vais perdre pied complet. Ça commence par une route barrée. À vrai dire, la seule et unique route (rappel, je suis en montagne). Comme le montre la vidéo, c'est physiquement impossible de passer :
200 mètres de routes parties en miette. Plus de 100 kilomètres de détour. Oui, plus de 100 kilomètres de détour pour 200 mètres. Je suis dans le déni complet. 2 Suisses qui voyagent à vélo sont avec moi, Elvira et Thomas. À un moment faut accepter et faire demi-tour. Partager la galère, ça aide à avaler la pilule, je crois.. Ce jour-là, je ferai 135 km et 2 090 m D+.
Je me trouve un spot de bivouac sans savoir par où passer le lendemain.
Plouf dans la rivière, et je mange mon sandwich, mais je le mange doucement, tiens, bizarre. La soirée se passe et je me sens pas très bien, comme l'impression de mal digérer quelque chose. Et mon état va s'empirer. Je n'arrive pas à m'endormir et je sens que je fais une intoxication. Le sandwich passe pas. Je vous passe les détails de la nuit mais ça a été un pur cauchemar. Vers 4h30, je suis complètement déshydraté et je n'ai plus d'eau dans mes gourdes. Heureusement je suis proche d'une rivière. Alors je peux remplir ma gourde, merci Paps pour les pastilles Micropur. Ça m'a bien sauvé la mise.
Au ptit matin, mon corps me met une feinte de frappe à la Eden Hazard. Je crois me sentir bien. Alors je m'attaque à la grosse journée que j'ai prévue à cause du détour. Mais quelle belle idée de con. Je suis sous intoxication et je m'envoie une journée de 100 km avec du gros dénivelé dans les montagnes. Gros malin. Il y a rien sur la route, alors pas le choix va falloir aller au bout.
C'est de loin la journée la plus difficile du voyage, je n'ai aucune force, je fais des pauses tous les 5 km. Et pour couronner le tout, je me mange 20 km d'offroad (je suis avec des pneus 32mm lisse, donc un calvaire) pour éviter que mon détour ne devienne un détour de 200 km. Je suis dans la forêt sur des chemins calamiteux en montée, alors j'en chie complet. Merci le J pour la cefor (traduction pour mes lecteur·rice·s boomer : merci JUL [artiste musicale] pour me remotiver).
J'arrive avec toutes les difficultés du monde au Đurđevića Tara Bridge. Même dans l’état où je suis, je profite d'être ici.
Mais la journée n'est pas terminée. Reste la dernière ascension de la journée : 650 m D+ pour arriver à Žabljak. Je m'en sens incapable, j'ai plus rien dans mon corps alors je décide de lever le pouce. 2 minutes plus tard, Bozo un Monténégrin s'arrête, je monte. 110km/h dans la montée, il roule plus vite que Wiz Khalifa.
J'arrive à Žabljac. J'ai réservé une guest house à 10€ la nuit, ça fait le job.
Si je me suis démené à venir jusqu'ici, c'est parce que je me trouve à présent dans l'endroit que j'attendais le plus dans mon voyage. Et Žabljac est un peu la porte d'entrée de ce lieu. Bienvenue dans l'un des plus beaux coins d'Europe, bienvenue au Durmitor National Park.
Bon, je suis toujours sous intoxication je rappelle. Alors demain, c'est repos. Et y a pire comme endroit. J'irai quand même faire une balade au "Black Lake" ou "Crno Jezero". Les photos parlent d'elles-mêmes :
Mais un orage décide de venir gâcher la fête. Et ce dernier explose pile où je suis.
Je suis trempé, mon téléphone aussi. Je reçois une notification qui fait pas plaiz, "humidité détectée dans le port USB", et tant que cette notification est présente, je ne peux charger le téléphone. Donc si mon téléphone s'éteint, c'est ciao bye bye. Alors si ça vous arrive, petit tips, mettez un son à une fréquence de 165 Hz (sur Youtube). Alors je lance le son : la batterie baisse, la notification reste. David contre Goliath. Et finalement la notif s'effacera après 45 minutes de vibration. Fiouf, c'était moins une.
J'ai un peu perdu le fil ces 48h dernières heures, mais ça y est, je l'ai retrouvé. Mon corps s'est remis hyper vite de cette vilaine intox !
Le jour suivant, je compte faire tout le tour du Durmitor à vélo. Je me dis que ce sera très beau. Je ne m'étais pas trompé, mais je te raconterai ça et la suite des aventures dans le prochain article, celui-ci est bien assez long comme ça.
Bon dimanche 🫶
Bravo Guillaume! I look forward to the following stories. My trip is amost finished. Wednesday another 25 kilometers to Blef and I step in the bicycle bus after 56 days 'en route'
Encore bravo. Bravo pour ton aventure, pour ton engagement. Bravo pour pour tes récits qui sont si plaisants à lire.